Les fleurs mellifères et leur pouvoir d’aromatiser le miel

Il y plusieurs bonnes raisons d’installer des plantes mellifères dans nos jardins. En plus de contribuer à la biodiversité, leurs fleurs pleines de nectar et de pollen nourrissent les abeilles, et leur permettent de fabriquer du miel, au grand plaisir de nos papilles.

Il n’y a pas de miel sans abeilles ni d’abeilles sans plantes mellifères. Semer des fleurs qui attirent les pollinisateurs est une façon d’assurer la survie de ces insectes… et de satisfaire notre gourmandise.

Une fois rapporté à la ruche, le nectar est transformé par les abeilles. Le miel qui en résulte est ensuite récolté par l’apiculteur, puis transformé en plusieurs produits gourmands, y compris les alcools de miel dont les flaveurs font écho aux fleurs butinées par les abeilles.

Chaque fleur donne au miel sa saveur. Si les abeilles en butinent toutes sortes au hasard, le résultat sera qualifié de miel de «fleurs sauvages». Pour obtenir un miel avec une saveur précise, il faut disposer ses ruches dans un secteur où fleurit une variété précise: un champ de lavande, un verger de pommiers ou une bleuetière, par exemple. Il existe ainsi une multitude de miels différents dans le monde, de l’eucalyptus à l’acacia, en passant par l’avocat!

«Selon les fleurs que les abeilles butinent, on obtient des miels aux différentes saveurs, ce qui influencera les alcools qu’on produira par la suite, indique Anthony Dufour, copropriétaire d'Hydromel Charlevoix. Un miel de sarrasin, au goût fort et épicé, ne donne pas le même hydromel qu’un miel à l’asclépiade, dont le goût est citronné et beurré. Placer nos ruches dans des lieux variés nous permet de récolter des miels de terroirs différents.»

Il existe d’autres bonnes raisons d’installer une flore mellifère dans nos jardins et d’attirer ainsi les pollinisateurs. En passant d’une fleur à l’autre, les insectes assurent la reproduction de plusieurs plantes. Pour avoir des concombres ou des courgettes au potager, le pollen de la fleur mâle doit se rendre jusqu’à la fleur femelle pour la féconder. Ça tombe bien, car l’abeille s’en charge!

Quelques fleurs mellifères à faire pousser chez soi

Audrey Fontaine, propriétaire des Jardins La Brouette, une entreprise de semences de Pierreville, propose de découvrir ces cinq fleurs mellifères. Elle conseille de les semer en plein sol ou dans une boîte à fleurs disposée au soleil, en recouvrant les semences d’un peu de terre. «Ensuite, on arrose et on tient la terre humide jusqu’à ce que les petites plantules apparaissent, explique-t-elle. On peut leur apporter un peu de compost ou de fumier de poulet durant la saison.»

Souci Kablouna (Calendula officinalis)

Mélange de fleurs abricot, jaunes, crème, dorées et orange qui fleurissent de juin à octobre. Le souci, aussi appelé calendula, a de nombreuses vertus médicinales, en plus d’être comestible. «J’aime le souci, un grand classique du jardin. En les mettant à côté des plants de courges ou de concombres, on attire les abeilles, qui vont polliniser les fleurs et nous assurer d’une belle récolte de légumes.»

Centaurée mix (Centaurea cyanus)

Cette délicate fleur originaire de l’Eurasie, de couleur rose, mauve ou bleue, fleurit en juin et juillet. Parfois vivace, elle est comestible et idéale pour agrémenter un bouquet champêtre.

Coréopsis lancéolé (Coreopsis lanceolata)

«Grâce à ses couleurs, le coréopsis attire beaucoup les abeilles», dit Audrey Fontaine. Cette grande fleur jaune d’or, originaire d’Amérique du Nord mais non indigène au Québec, fleurit de mai à juin et produit de nombreux boutons sur la même tige.

Myosotis firmament (Cynoglossum amabile)

Petite fleur bleu azur à cinq pétales qui fleurit tout au long de l’été, cette variété originaire de Chine est supportée par une longue tige robuste, idéale pour composer des bouquets. «Le bleu, comme le jaune, est une couleur qui attire énormément les abeilles», souligne la semencière.

Tabac de Virginie (Nicotiana tabacum)

Une fois séchées, les feuilles de cette plante donnent le tabac blond à fumer, alors que ses fleurs roses à grandes corolles sont appréciées des insectes. «Ça peut sembler surprenant, dit Audrey Fontaine, mais les pollinisateurs aiment tellement explorer les grandes corolles du tabac que je soupçonne qu’il n’y a pas que le pollen qui leur fasse effet!»